Poèmes d'auteurs...

 

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JACQUES PRÉVERT
(1900-1977)

 

 

LA PLAGE DES SABLES BLANCS

Oubliettes des châteaux de sable
Meurtrières fenêtres de l'oubli
Tout est toujours pareil
Et cependant tout a changé
Tu étais nue dans le soleil
Tu étais nue tu te baignais
Les galets roulent avec la mer
Et toujours toujours j'entendrai
Leur doux refrain de pierres heureuses
Leur gai refrain de pierres mouillées
Déchirant refrain des vacances
Perdu dans les vagues du souvenir
Déchirants souvenirs de l'enfance
Brûlée vive par le désir
Merveilleux souvenir de l'enfance
Éblouie par le plaisir.

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FLAVIEN RANAIVO
(1914)

 

 

REGRETS

Six routes
partent du pied de l'arbre-voyageur :
la première conduit au village-de-l'oubli,
la seconde est un cul-de-sac,
la troisième n'est pas la bonne
la quatrième a vu passer la chère-aimée
mais n'a pas gardé la trace de ses pas,
la cinquième
est pour celui-que-mord-le-regret,
et la dernière...
je ne sais si praticable.

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LÉON MOUSSINAC
(contemporain)

 

PRÉLUDES

Avais-je oublié les sirènes,
les berges tendres de la Seine
et les chansons de mon pays
plus nombreuses que ses épis
et plus vives que ses fontaines !
Ou suffirait-il qu'une allée
s'ouvre dans les forets ailées,
qu'un ciel déchire ses linceuls 
pour que l'homme ne soit plus seul ?
Est-ce assez d'une ombre envolée
pour que je creuse, moi, un puits
à même l'espace et la nue
aussi profond que je le puis
jusqu'à trouver la source nue
de ma pensée au bout des nuits
où règne une étoile inconnue ?

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FEUILLES  MORTES

 

 

Mes feuillets de poésie, tels feuilles mortes,

En ballet tourbillonnant, s'éparpillent au vent,

La ramure, tristement, en funéraire cohorte,

Lentement consumée... y crépite son tourment.

 

Marquées des stigmates des hivers d'antan,

La sève d'antiques printemps a tissé leur linceul,

La rosée d'été, en spectre... y a figé le temps,

Et la poussière d'automne les a vêtues de deuil.

 

En squelette de feuilles... mon poème va périr,

Car exsangue, entre vie et néant, à cet instant oscille,

Sans parfum à humer... sans visage à chérir,

Il n'est plus qu'épitaphe, pour mes quatrains fossiles !

 

                                        RADO           1969

Adaptation Française de Jean-Claude RIDOLCE)


MON  COEUR

 

 

Même si... la forêt vierge un jour se décime,

Et que le fleuve impétueux, lui aussi se tarit,

Même si, mon amour tombe en ton abîme,

Mon coeur restera libre… libre, bien que marri !

 

Car si j'ai adoré en toi... le ciel, la terre, la mer,

Tes sentiers luxuriants, comme ceux inconnus,

J'ai tout autant haï... la dévoreuse chimère,

De nos folles amours que je portais aux nues.

 

Insidieuse, tu as rendu mon coeur esclave,

Alors que je te voyais si belle et sans défaut,

Pourtant, si je voulais le délier de ton entrave,

Mon coeur resterait épris de l'ombre de ta faux.

 

Ainsi... le beau fleuve finit en eau dormante,

La forêt vierge, pétrifiée, pleure et se décime,

Mes amours moribondes, en tous sens serpentent.

Comme louvoie la mort... à l'heure de ses crimes.

 

                                        IANTSO

Adaptation Française de Jean-Claude RIDOLCE)

LE  NUAGE

 

 

 

 

J'aime admirer... à l'heure matinale,

       

        Ce nuage blanc, vaporeux, virginal,

        Lorsqu' immaculé, tel arôme en fleur,

        Son aile d'ange... l'azur effleure !

 

 

J'aime contempler... à l'heure vespérale,

       

        Son adieu déchirant, théâtral,

        Lorsque traînant le soleil dans ses voiles,

        Le jour s'en va... au pays des étoiles !

 

 

J'aimerais offrir... à l'heure du madrigal,

 

        Aux yeux de ma mie, en guise de régal,

        La pureté de ce nuage langoureux...

        A l'image de mon coeur amoureux !

 

 

                                RAOELY James (Salohy)

 

                                (Adaptation Française de Jean-Claude RIDOLCE)

 

Le  RAPHIA

 

 

 

Suis simple guirlande de raphia,

        Egarée dans une forêt sans âge,

        Reflétant l'aimable et tendre image,

        De l'être aimé, qu'on met en moi.

 

 

Je suis un beau brin de raphia,

        Au torse frêle, souple et joli,

        Scintillant du décor en folie,

        Des fruits-joyaux qui naissent en moi.

 

 

Je suis l'ombre de la forêt de raphia,

        Qui pour le voyageur ivre de fatigue,

        De son doux bercement calme et endigue,

        Du pénible chemin, les affres et les émois !

 

 

                                Clarisse RATSIFANDRIHAMANANA

PRUDENCE

 

L'homme prudent... sans ambages,

Ne veut ni guerre, ni sortilège,

Mais analyse en bon stratège,

Le fond de sa raison... en sage !

 

Il calme les élans de son coeur,

Tempère son être de tout énervement,

Pour maîtriser le temps et l'évènement,

En bannit l'exaltation et la rancoeur.

 

Sa pensée impose le silence,

Pour que naisse d'une aube calme,

Le bourgeon, la fleur, la palme,

Du dessein ou défi qu'il lance !

 

Tel un tailleur mesurant le tissu,

Sept fois en chaque sens,

Puis maniant le ciseau avec prudence,

Evite la perte... voire la fatale issue !

 

Après mûre réflexion, maints avis,

Le sage, dans la paix se prononce,

De toute sa force à la guerre renonce,

Pour affronter en vainqueur... LA VIE !

 

                                     HAINGO !

La NATURE

 

 

 

Ô nature ! d'un fol amour, ta parure,

Conquiert mon coeur et ma raison,

Allons à l'aurore... d'un doux murmure,

Chanter ensemble... ton oraison !

 

 

Tu es plus douce que le miel,

Je t'aime plus que l'or et l'argent,

Ta voix... que l'ange jalouse au ciel,

En sourire mue l'ennui et l'indigent !

 

 

Dansent... d'une parade coutumière,

Des heures de joie au long du jour,

En uniforme princier... la terre,

Chante... chante encore... chante toujours !

 

 

 

                                BOLESPARA